26 mars 2010
Puisqu'il est ce silence
Prose pour Henri Meschonnic
Au milieu des phrases, des
paroles, dans le brouhaha, on l'entend, on en est sûr. Sa voix est sourde mais
insistante. Elle dit — on peut même la comprendre — j'ai rendez-vous, là, avec
quoi ? On tend les mains comme pour l'accueillir mais rien ne vient les
remplir. Un léger vent s'est levé, le rouge des giroflées vacille. On se dit
que, oui, avec quoi ? Le calendrier aligne ses dates : le passé et le futur y
sont des chiffres immobiles. Le présent, lui, est insaisissable. On l'a dans la
bouche comme une illumination soudaine. Comme cette voix qui, au bord de dire
adieu, murmure — on l'entend distinctement : Vous n'êtes pas sérieux. On ne dit
adieu à rien.
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